Textile dans l’Aube, la CGT alerte le préfet face à une hémorragie d’emplois sans précédent

Textile dans l’Aube, la CGT alerte le préfet face à une hémorragie d’emplois sans précédent

Publié le 18/12/2025

Jeudi 11 décembre, une délégation du syndicat THCB de l’Aube, accompagnée du secrétaire général de l’union locale CGT de Romilly-sur-Seine, a été reçue par le préfet de l’Aube, afin de l’alerter sur la situation jugée « catastrophique » de l’emploi dans le département.

Au cœur des inquiétudes syndicales, le secteur textile, pilier historique de l’économie aubois, aujourd’hui frappé par une succession de faillites, de restructurations et de menaces sur l’emploi. La Fédération CGT Textile, Habillement, Cuir et Blanchisserie (THCB) par la voix de son secrétaire général Hassen NASSI présent à cette occasion, parle désormais d’une véritable hécatombe industrielle.

En l’espace de quelques mois, plusieurs entreprises emblématiques ont vacillé. France Teinture a été placée en redressement judiciaire, Aube Tricotage a été liquidée, tandis que Le Coq Sportif et Petit Bateau traversent de graves turbulences. Autant de coups portés à un territoire qui fut longtemps un fleuron du textile français, reconnu pour ses savoir-faire et la qualité de sa production.

La rentabilité à court terme privilégié·e au détriment de l’outil industriel et de l’emploi local

Pour la CGT, ces défaillances ne relèvent pas du hasard. Elles sont le résultat de stratégies financières déconnectées des réalités industrielles et sociales, privilégiant la rentabilité à court terme au détriment de l’emploi local. « On assiste à un démantèlement progressif de l’outil industriel, financé en partie par de l’argent public », a dénoncé la délégation CGT au cours de cette rencontre.

Le Coq Sportif : 70 millions d’euros
d’aides publiques, une centaine d’emplois supprimés !

Le cas du Coq Sportif cristallise les colères. En 2020, la marque avait décroché le contrat pour équiper les athlètes français aux Jeux olympiques et paralympiques, avec la promesse d’une relocalisation de la production à Romilly-sur-Seine et de créations d’emplois. Cinq ans plus tard, le constat est plutôt amer.

Plus de 70 millions d’euros d’aides publiques ont été donnés pour le résultat scandaleux d’une centaine de suppressions d’emplois sur Romilly-sur-Seine.
Autre dossier sensible, la vente de Petit Bateau au fonds d’investissement américain Regent. Là encore, pour la CGT, cette opération fait planer de lourdes certitudes sur la suppression d’environ 200 emplois dans les 2 à 3 prochaines années à Troyes et dans l’agglomération. Pire encore, le repreneur a annoncé qu’il n’y aurait pas d’investissements.
La fermeture d’Aube Tricotage, et probablement celle de France Teinture, viennent compléter ce sombre tableau, entraînant la disparition de compétences essentielles à l’ensemble de la filière textile française. Mais, au-delà des chiffres, ce sont des familles entières et un tissu social déjà fragilisé qui se retrouvent menacés.

Face à cette situation, la Fédération THCB appelle à un sursaut politique et industriel. Elle réclame notamment :

  • une conditionnalité stricte des aides publiques,
  • un véritable plan de sauvegarde du textile dans l’Aube,
  • une priorité donnée aux entreprises respectant les normes sociales et environnementales dans les marchés publics,
  • ainsi que la mise en place d'un véritable label public « made in France » pour une transparence sur le lieu de chacune des étapes de la production.

« Sans intervention rapide et ferme de l’État, c’est toute une filière historique et une part de l’identité ouvrière du département de l’Aube qui risquent de disparaître »

« Sans intervention rapide et ferme de l’État, c’est toute une filière historique et une part de l’identité ouvrière du département qui risquent de disparaître », a prévenu la délégation syndicale lors de sa rencontre avec le préfet. 


Plan de restructuration chez CHANTELLE : deux sites logistiques sont menacés de fermeture

Dans la Somme, le groupe de lingerie Chantelle projette la fermeture de ses sites logistiques de Péronne et de Villers-Bretonneux. Cette décision s’inscrit dans un plan de réorganisation visant à centraliser l’ensemble de l’activité logistique sur le site de Corbie, au mépris des conséquences sociales pour les salariés concernés.

Depuis le mois d’octobre, une procédure d’information-consultation est en cours avec les représentants du personnel.

Aujourd’hui, près de cinquante salariés travaillent sur ces deux sites, assurant quotidiennement les expéditions nationales et internationales du groupe. Leur avenir demeure incertain, et même si des mobilités vers Corbie sont évoquées, aucune garantie collective de maintien de l’emploi n’a été apportée à ce stade.

Malgré sa position de leader du secteur, avec un chiffre d’affaires de 340 millions d’euros et plus de 4 000 salarié·es dans le monde, la direction de Chantelle reste particulièrement discrète sur les modalités précises de cette réorganisation. Elle affirme ne pas vouloir procéder à une « réduction sèche des effectifs » et dit faire du maintien de l’emploi une priorité. Dans les faits, ces déclarations peinent à rassurer, notamment pour les salariés de Péronne, contraints d’envisager des trajets quotidiens de plus de 40 minutes vers Corbie, sans accompagnement clairement défini.

Les patrons des marques françaises prétendent déplorer les importations mais organisent fermetures et délocalisations

Cette réorganisation intervient dans un contexte de difficultés économiques invoquées depuis la crise sanitaire, mais ne saurait justifier des décisions prises au détriment des emplois et des conditions de travail. Les salariés et leurs représentants syndicaux de la CGT restent pleinement mobilisés et vigilants, exigeant des garanties concrètes pour l’avenir des sites et des travailleurs du territoire. Les patrons des marques françaises ne peuvent pas d'un coté déplorer dans les médias les importations quand ça les arrangent puis organiser les fermetures et délocalisations en toute discrétions. Ça suffit ! 


Source  : Journal du THCB décembre 2025


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