Lettre CGT THCB : l'Etat doit respecter ses engagements.

Montreuil, le 22 Juin 2020

Mme Agnès PANNIER-RUNACHER

Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances

139 rue de Bercy

75572 PARIS Cedex 12

 

Madame la Secrétaire d’Etat,

 

Depuis le mois d’avril, de nombreuses entreprises de nos professions et leurs salarié.e.s se sont mises à confectionner des masques, des blouses pour répondre à la demande des pouvoirs publics et surtout pallier les carences administratives sur la gestion de stock de masques, pourtant indispensables lors de pandémies.

Des milliers de salariés au travail ont pris des risques durant la période où la circulation du Covid en France était intense. Ils l’ont fait comme d’autres, par conscience professionnelle, avec un sentiment fort d’être utile à la collectivité et pour protéger la population.

Nombre d’entreprises n’ont pas hésité aussi à faire travailler leurs équipes de recherche et de développement pour se mettre en conformité des exigences de l’AFNOR et ainsi répondre à l’appel du Président de la République ou du Ministre de la Santé.

Madame la secrétaire d’État, notre Fédération CGT du textile et de l’habillement ne vous interpelle pas aujourd’hui pour avoir une reconnaissance de la nation, une prime exceptionnelle ou de légitimes augmentations de salaire. Si nous vous interpelons, c’est pour que l’État respecte les engagements qu’il s’est fixé face aux Français par la voix du Président de la République.

On nous a parlé « de relocalisation, d’indépendance, de retrouver notre souveraineté nationale sur certaines productions, du jour d’après différent du jour d’avant, de modification de logiciel etc…». Des mots importants, forts, d’autant plus que nos professions ont trop souffert des délocalisations, de compétitivité déloyale, de fermetures d’entreprises.

Aujourd’hui forcés de constater par nos délégués d’entreprises que de nombreuses promesses d’achat par les administrations publiques, au-delà de celles parfois caduques du privé, se sont déjà volatilisées dès que les entreprises asiatiques, principalement chinoises, se sont remises au travail.

Nos usines, nos salariés se retrouvent encore une fois lâchés par l’État avec des stocks de masques importants sur les bras.

Cette situation est incompréhensible pour de nombreux salariés qui s’interrogent de nouveau sur la parole publique !

Des entreprises comme Porcher Industrie, Éminence, Chantelle, Chargeur etc… ont fortement ralenti leur fabrication. Devant cet imbroglio, le ministre de l’économie a nommé à la hâte, Messieurs DUBIEF et GUIBAULT sur une mission pour « le développement d’une filière textile française durable » afin d’éteindre la polémique sur la dépendance d’approvisionnement à la Chine.

À ce stade, nous nous interrogeons fortement sur la volonté politique de relocalisation et l’aboutissement de cette mission si les appels d’offres sur nos marchés publics n’intègrent pas d’autres critères plus contraignants que le coût de production.

Notre Fédération souhaite que l’État respecte ses engagements en honorant des commandes de masques « Made in France » cela d’autant plus, que l’État pourra s’appuyer sur les salariés de nos professions si le virus devait malheureusement circuler plus fortement cet automne ou cet hiver.

Notre organisation syndicale reste à votre disposition pour échanger et réitérer nos propositions pour produire plus fortement sur le territoire national et européen, tant pour des raisons sociales qu’environnementales, la commande publique en est un des leviers forts et immédiats.

Dans l’attente de vous lire recevez, Madame la secrétaire d’État, mes salutations les plus distinguées.

Maurad RABHI,

Secrétaire Général
Fédération Textile, Habillement Cuir Blanchisserie CGT

PS : Une copie de ce courrier est adressée à l’Union des Industries Textiles, 37 rue de Neuilly, 92110 CLICHY.

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