Le discours paradoxal entre emploi et aides publiques [Edito]

Depuis plusieurs mois, des milliards d’euros d’aides publiques sont donnés aux entreprises pour soi-disant préserver l’emploi et les entreprises. Les dispositifs publics se multiplient avec les financements dédiés. Chômage partiel, plan de relance par secteur professionnel, prêt garanti ou encore dernièrement l’Activité Partielle de Longue Durée (APLD).

Dans leurs interventions publiques, la main sur le cœur, le président de la République, le premier ministre ou encore le ministre de l’économie nous ont tous promis, l’interdiction de versement de dividendes, de nombreux contrôles par les administrations du travail ou encore des garanties exigées aux entreprises sur le maintien de l’emploi en échange d’aides publiques.

La vérité c’est que rien de tout cela n’a été fait ! Juste une thérapie d’endormissement collective et de gestion de bon père de famille derrière les micros et caméras.

Dans les faits, ce gouvernement ne fait pas grand-chose pour entraver les stratégies de licenciements et d’austérités patronales.

Dans tous les décrets d’applications de ces derniers mois, aucune mesure n’est venue mettre de conditionnalité sur les aides publiques qui continuent de couler à flot dans les entreprises.

Pire, l’absence de règle un tant soit peu contraignante des pouvoirs publics risque fort de pousser nombre d’entreprises à tripatouiller leur activité réelle, voir même à transférer temporairement la production vers d’autres filiales étrangères d’un même groupe pour accroître les aides publiques et restaurer leurs trésoreries.

De qui se moque-t-on !

C’est cette même politique qui a mis en place hier, les « ordonnances travail » en 2017 avec la Rupture Conventionnelle Collective (RCC) et l’Accord de Performance Collective (APC). Ces mesures broient aujourd’hui nos avantages salariaux et nos protections dans l’entreprise.

Et c’est encore cette même politique gouvernementale qui viendra demain nous expliquer qu’il faudra réduire nos droits sociaux, augmenter nos impôts et réduire les services publics.

La ficelle est un peu grosse Monsieur le président ! Comment faire confiance à la parole publique et à votre discours sur la construction d’un monde meilleur alors que les licenciements et la liquidation de nos droits s’accentuent tous les jours un peu plus !

La seule confiance que les salariés et les syndicats d’entreprises doivent préserver dans cette période de forte turbulence, c’est dans l’engagement, dans la résistance, et dans les luttes collectives et principalement lorsque les directions d’entreprises développent, elles, le chantage à l’emploi.

Maurad RABHI
Editorial du journal du THCB, juin 2020
 

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