
Publié le17/07/2025
La première table ronde du Comité National Fédéral des 19 et 20 juin 2025 s’est concentrée sur l’emploi industriel dans nos professions.
C’était l’occasion de faire une analyse plus pointue de l’évolution de l’emploi dans chaque secteur avec nos experts de Secafi mais surtout, sentir la température du terrain avec les nombreuses interventions de nos camarades qui, de là où ils sont, nous ont donné leurs analyses.
Dans le textile et l’habillement, à rebours du discours politico-médiatique, pas de dynamique de relocalisation
Première enseignement concret que nous pouvons retenir, la dynamique de relocalisation des industries textile/habillement n’a pas vraiment eu lieu ces dernières années contrairement à ce que nos politiques ou certains médias racontent. Plusieurs délégué·es nous ont fait part des difficultés à maintenir l’emploi comme CHANTELLE, TORAY, ADLER, ETAM, VISKASE dans les Vosges ou la teinturerie de champagne à Troyes. D’autres se montrent plus optimistes comme chez LACOSTE où des investissements importants ont été réalisés sur l’environnement. Idem pour l’entreprise Bleu forêt qui fait du « Made in France » et de la relocalisation de production dans les Vosges un atout marketing pour grignoter de nouvelles parts de marché du collant et des chaussettes. Plusieurs délégué·es sont intervenus pour s’inquiéter de la difficulté à mettre en avant le savoir-faire des ouvrières et d’autres ont plutôt insisté sur la nécessité de remettre dans chaque région des écoles de formation de nos métiers.
Dans la blanchisserie, abus de position dominante et dumping social d’ELIS
Le second enseignement concerne le secteur de la blanchisserie industrielle où ELIS use et abuse de sa position dominante pour imposer un dumping social terrifiant à ses concurrents. Les résultats après plusieurs années sont consternants avec un secteur qui se réorganise sans cesse, un secteur où les salariés sont poussés vers la smicardisation avec des organisations et des conditions de travail inacceptables. Après KALHYGE et ANETT qui se sont associés à un fonds de retournement, nous avons appris pendant le comité fédéral que Initial venait de se faire racheter par un fonds de pension américain. Tous les salariés de ce secteur commencent à s’inquiéter sérieusement de ces opérations financières au détriment de projets industriels. Tout laisse à penser qu’une guerre commerciale sur fond de dumping social et de restructuration de l’emploi s’annonce.
Dans la maroquinerie, plus de 40.000 salariées , 2 acteurs majeurs Vuitton et Hermès, près de 50% de sous-traitance... mal traitée
Le troisième enseignement concerne la maroquinerie de luxe. Ce secteur a vu doubler ses effectifs en une décennie. Cette profession compte plus de 40 000 salariés aujourd’hui, principalement des femmes. Des manufactures de maroquinerie dans des territoires isolés ou sinistrés. Deux donneurs d’ordres principalement, Vuitton et Hermès, structurent le développement de ce marché où la sous-traitance peut dépasser les 50% de la production. Derrière la vitrine pompeuse du luxe à la française, et d’un ressenti où il ferait bon vivre, tous nos délégués nous disent que se cachent en réalité une pression exécrable, de nombreuses attaques anti syndicales et des conditions de travail et de santé rudes.
Conditionnalité des aides publiques, accès aux marchés publics, règlementation sociale, fiscale et environnementale… : porter nos propositions THCB CGT pour protéger nos industries et relocaliser
Cette première table ronde avec toutes ces interventions va nous permettre de réajuster nos propositions sur la relocalisation des entreprises et la conditionnalité des aides publiques par les représentants des salariés, la garantie dans nos marchés publics d’un socle de production en France, la mise en place d’une taxe carbone ou alors la modulation de nos tarifs douaniers par une réglementation sociale, fiscale et environnementale pour protéger nos industries en Europe. Nous aurons à porter des revendications solides sur ce nouveau phénomène des plates-formes numériques comme Shein et Tému qui amplifient la distorsion de concurrence avec nos industries et assèchent nos centres-villes. Nous aurons à faire une proposition officielle aux pouvoirs publics pour réguler loyalement et sans dumping social le secteur des blanchisseries. Enfin, nous devons analyser comment s’opposer à la stratégie de Vuitton et certains de leurs sous-traitants qui développent de nouvelles usines de maroquineries notamment en Italie, pays où la main d’œuvre est moins chère et le travail dissimulé plus fréquent, pour maintenir des marges financières gigantesques au détriment de la qualité et de l’emploi en France .
Dans la perspective du prochain congrès, un groupe de travail mis en place
Notre groupe de travail qui se mettra en place à la rentrée devra prendre en compte toutes ces dernières évolutions de nos secteurs professionnels et adapter notre dernière résolution sur l’industrie et l’emploi voire faire de nouvelles propositions fédérales à présenter à notre prochain congrès.