L’instrumentalisation de l’austérité, initiée par la Cour des comptes [Edito]

Invraisemblable et inadmissible à la fois ! Après avoir distribué des centaines de milliards d’euros sans aucune contrepartie aux entreprises et dans l’indifférence générale des institutions publiques, voilà un premier rapport post covid, paru début juin, qui préconise ouvertement et publiquement une sérieuse politique de rigueur !

C’est à la suite d’une demande du premier ministre, Jean Castex de réfléchir sur les déficits publics que la Cour des Comptes recommande un brûlot de 27 propositions pour serrer la ceinture des salariés, des retraités ainsi que des chômeurs. Cinq secteurs clés sont dans le viseur de la cour : les retraites, l’assurance maladie, les droits des chômeurs, les minima sociaux et la politique du logement.

Bien évidemment, l’institution prétexte en préalable, l’explosion de la dette publique et la supposée inflation galopante dans le monde pour mieux nous astreindre sur des propositions libérales lors de la prochaine campagne présidentielle. Comble de l’ironie, la cour ne dit pas un mot sur le rétablissement de l’impôt sur la fortune ou sur les dizaines de milliards d’euros publics consentis tous les ans au nom de l’emploi pour les entreprises sans impact sur les chiffres du chômage ! Le Crédit d’Impôt Recherche (CIR) ou le Crédit d’Impôt pour la Compétitivité et l’Emploi (CICE) en sont d’illustres exemples.

A moins d’une année de l’élection présidentielle, 27 propositions pour serrer la ceinture des salariés, des retraités et des chômeurs : une manière de légitimer la politique libérale du président candidat déjà en campagne ?

Prétendre préconiser de telles réformes à un gouvernement à moins d’une année d’une élection présidentielle est tout simplement irréalisable sauf à vouloir instrumentaliser un débat dans l’opinion publique, favorable pour l’exécutif.

La ficelle est un peu grosse !

Ce rapport à la demande du premier ministre n’a qu’un seul objectif : orienter les débats des prochains prétendants à l’élection présidentielle sur les politiques publiques pour mieux les mettre en difficultés et garantir le sérieux, la crédibilité et le courage de la politique du président candidat déjà en campagne.

Heureusement pour lui, la pandémie a épargné la conscience libérale.

Maurad Rabhi
Secrétaire général


►► Source : Journal du THCB juin 2021


►► A consulter également :