Table ronde sur stratégie et pratiques syndicales

Publié le 17/07/2025

Pour cette 2nde table ronde, nous procédons d’abord à un état de nos forces et du droit du travail, et du besoin d’autant plus fort de s’organiser avec la CGT, avant de donner la parole à Jean-Marie Pernot spécialiste de la question syndicale et ancien militant. De ces échanges ressortent plusieurs enseignements et pistes concrètes.

Nos effectifs se maintiennent globalement, avec un léger tassement du textile (60 000 salariés) et de l’habillement (20 000), une augmentation dans la maroquinerie (45 000) et stabilisation de la blanchisserie (moins de 40 000).

La CGT est 1er exæquo dans le textile, l’habillement, la maroquinerie

Niveau représentativité, la CGT est 1er exæquo dans le textile avec 28%, dans l’habillement avec 35%, dans la maroquinerie avec 27% (partout au coude à coude avec la CFDT), et 16% dans la blanchisserie derrière la CFTC à 75%... Ce résultat est réalisé grâce aux militantes et les militants et à leur travail syndical, qui nous place, une fois cumulées les résultats des élections de nos entreprises, 2ème syndicat toutes branches confondues, après la CFTC qui continue ses manigances (représentant 90% des milliers de salariés d’Elis…). Dans nos branches professionnelles, comme ailleurs, on assiste à un tassement des confédérations (CGT, CFDT, FO) et à l’émiettement syndical avec, chez nous, l’augmentation de la CFE-GC et la percée de l’UNSA devenue représentative dans la maroquinerie grâce à la stratégie opérée notamment par la direction d’Hermès.

Les ordonnances Macron-Pénicaud ont marqué une accélération de « l’inversion de la hiérarchie des normes »

Côté négociation collective, les ordonnances Macron-Pénicaud ont marqué une accélération de « l’inversion de la hiérarchie des normes », qui fait peser le risque de négocier moins que la loi et que les conventions de branche par la pression de la direction et impose d’être vigilant sur le droit (d’où la mise en jour de conventions collectives sur le site internet thcb.fr). Les directions d’entreprise cherchent d’autant plus à valoriser des délégués syndicaux non indépendants prêts à négocier et à signer des accords régressifs et donc à présenter des candidats aux élections contre la CGT. C’est dans ce contexte qu’il nous faut conduire l’action collective, en gardant à l’esprit qu’un meilleur climat intersyndical fait partie du rapport de force même si cela est souvent difficile.

Le THCB CGT essaye de gagner au niveau national des mécanismes protecteurs

Nous essayons de gagner au niveau national des mécanismes protecteurs, afin que la négociation collective permette de protéger les droits des salariés (supprimer ou corriger les ordonnances Macron) et si possible de les améliorer, avec par exemple gagner l’indexation automatique des salaires sur les prix et sur le SMIC comme on l’a gagné dans le Textile pour pouvoir, en entreprise, négocier de réelles augmentations de salaire.

Se renforcer là où nous sommes présents, nous implanter où nous ne sommes absents

Cet état des lieux implique syndicalement 2 objectifs : se renforcer là où nous sommes présents et nous implanter où nous ne sommes absents. Si la CGT reste le syndicat le plus présent dans les entreprises de nos secteurs confondus, elle est moins bien représentée dans certains collèges et certaines branches, ce qui offre une grande potentialité à se renforcer. Mais il y a près de 60% des entreprises où les salariés n’ont même pas la possibilité de voter CGT à défaut de bulletin CGT (comme si à l’élection présidentielle, on ne pouvait pas voter pour certains candidats), et où nous devons absolument chercher à nous implanter.

Pas de droits sans syndicat, pas de syndicat sans syndiqué·es

Là où il n’y a pas de syndicat, il n’y a pas de négociation, pas de rapport de force, pas de grève, pas d’avancée: pas de droits sans syndicat, pas de syndicat sans syndiqué·es.

Valoriser la négociation, proposer la syndicalisation pour être plus fort encore

Dans les entreprises, et à chaque moment de négociation (conditions de travail, NAO…), nous devons penser à valoriser la négociation pour informer nos collègues et proposer la syndicalisation pour être plus fort encore. 

Les salariés ne savent pas tout ce qu’on fait pour eux, et ne savent pas tout ce qu’on pourrait faire encore plus avec eux. C’est avec méthode (voir par exemple le tuto « S’organiser avec la CGT pour gagner des augmentations de salaire ») que nous arriverons à impliquer les salariés à chaque étape de l’action syndicale (questionnaire, pétition, débrayage…) pour construire le rapport de force. La formation et la communication auprès des structures de la CGT (UL, UD, Fédération) est également une des clés pour progresser collectivement, tout comme la mise en place par la Fédération de groupe WhatsApp pour la Maroquinerie, à prolonger dans le Textile, l’Habillement et la Blanchisserie.

Partout où c’est possible, créons des syndicats de territoires ou départementaux

Partout où c’est possible, nous créons enfin des syndicats de territoires ou départementaux, avec des animateurs et animatrices, comme c’est le cas dans le 43, 38, 10, et maintenant dans le 03, 69, 75, qui permettent d’éviter de multiplier les lourdeurs administratives, de sortir de son entreprise et son seul CSE, même quelques fois par an, et de rencontrer et d’échanger avec les délégués de nos branches en s’inspirant de leurs problèmes et avancées pour son entreprise. 


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