Coronavirus : la psychose va-t-elle toucher nos emplois ? [Edito]

Depuis plusieurs semaines, un bruit de plus en plus soutenu, s’agite chez certaines directions d’entreprises en France, travaillant principalement pour les secteurs du luxe, sur la nécessité d’imposer aux salariés des modifications de l’organisation du travail, de liquider maintenant une grosse partie des congés payés, de liquider aussi toutes les journées de RTT qui traînent dans les compteurs des salariés, de même sur les repos compensateurs, etc.

Et si l’économie chinoise tournait au ralenti encore pendant des mois ?

Bref, la cause, une psychose collective se renforce, jour après jour sur la capacité de la Chine à faire tourner ses usines, empêtrée elle, sur la situation sanitaire du Coronavirus. Et si les salariés des entreprises chinoises n’étaient plus en mesure pendant des mois, d’alimenter nos entreprises, d’approvisionner nos vêtements, nos tissus, nos matières premières, nos produits finis ? Et si l’économie chinoise tournait au ralenti encore pendant des mois ? Et si les riches touristes chinois désertaient encore pour plusieurs mois les grandes capitales mondiales, ne consommant plus nos produits de luxe ? Et si...? et si ...? et si ?

Autant d’inquiétude qui commence à agiter la sphère élitiste, les grands patrons et tous ceux qui s’alimentent en Chine. La problématique pour eux, c’est comment anticiper les difficultés de fonctionnement de nos entreprises sans forcément inquiéter ! La perte d’indépendance dans bien des domaines industriels fait, qu’aujourd’hui plus qu’hier, le moindre souci qui perdure en Chine devient un souci pour le monde entier. Il n’en fallait pas plus pour que Bernard Arnaud, troisième fortune dans le monde, patron de LVMH, demande à ses dirigeants d’amorcer dans ses usines françaises des modifications sur l’organisation du travail, les comptes des salariés, voire même si cela perdure, du chômage partiel. La même chose s’amorce en cascade chez tous les sous-traitants. Certaines branches professionnelles, quant à elles, souhaitent un dispositif financier d’aide d’urgence sur  la formation professionnelle de leurs opérateurs de compétences ou,  l’intervention des pouvoirs publics sur la situation économique de leur entreprise. Tous s’agitent dans le même sens ...

Bref, peut-être aussi le meilleur moyen de détourner l’attention des salariés et de l’opinion, du projet de loi retraite ou encore des revendications des organisations syndicales lors des négociations annuelles obligatoires qui commencent dans nos entreprises !

Il faudra quand même un peu plus d’arguments économiques pour mettre en sommeil la juste part de redistribution que les salariés sont en droit d’attendre.

Maurad Rabhi
secrétaire général de la fédération
Editorial du journal du THCB, février 2020